Des professionnels ont recours à l’imagerie 3D pour affiner le diagnostic en matière de cardiopathies infantiles. L’impression du cœur en 3D permettrait de limiter les erreurs de prise en charge de cardiopathies congénitales, notamment de la non-compaction ventriculaire gauche.
La non-compaction ventriculaire gauche est une pathologie congénitale rare, découverte dès l’enfance, qui peut avoir des conséquences importantes sur le quotidien des enfants. Elle nécessite l’implantation d’un défibrillateur intracardiaque et la prise de médicaments Bétabloquants à vie. Son diagnostic est réputé difficile, du fait de la rareté de la maladie mais aussi à cause du manque de moyens modernes d’imagerie cardiaque permettant de visualiser « in vivo » le cœur en charge. Or, un mauvais diagnostic peut avoir des conséquences très lourdes pour un enfant.
Cette problématique a conduit le Dr Ivan Bouzguenda, cardiologue pédiatre à l’hôpital Privé La Louvière (Ramsay GDS, Lille, France) à développer l’imagerie 3D afin de confirmer son diagnostic, avec impression 3D du cœur en charge grâce aux reconstructions d’images de scanner. Le médecin, qui s’est appuyé sur le cas réel d’un de ses patients pour développer cette méthode, n’en est pas à son coup d’essai : il a déjà publié un article scientifique 1 sur l’utilité d’une impression 3D avant un geste chirurgical pour des pathologies cardiaques congénitales.
Orienter le geste opératoire
La 3D permet, selon lui, l’impression d’un cœur « rempli », avec une anatomie plus proche du cœur en charge et donc une meilleure visibilité de sa pathologie en 3 dimensions avant un geste opératoire. « Cela permet de prédire ce que le chirurgien va trouver au moment de l’intervention, de mieux prédire le geste qu’il va réaliser. C'est aussi mieux pour le diagnostic. Grâce à cette impression, une anatomiste spécialisée dans cette pathologie a pu conclure pour un cas en l’absence de non compaction ventriculaire gauche, évitant ainsi à l’enfant un traitement et un suivi lourd », poursuit-il.
Son autre étude sur l’utilité de l’impression 3D dans l’approche pré-opératoire pour une chirurgie secondaire à une malposition des artères coronaires est probante. « Nous avons fait a posteriori une impression 3D de tous les cœurs avec malposition qui avaient été opérés. Nous avons soumis en réunion de concertation plurisdisciplinaire à la fois les images et le cœur imprimé. La description anatomique était améliorée dans la moitié des cas avec l'impression en complément des images, et la procédure chirurgicale choisie par la RCP après vision du cœur en impression était la même que celle qui avait été réalisée dans 82 % des cas. »
L’équipe va plus loin désormais, avec l’impression de branches pulmonaires afin de faciliter le travail du pneumologue avant une fibroscopie ou du chirurgien thoracique avant une intervention. Une technologie qui est utilisée dans de nombreuses spécialités, notamment en chirurgie orthopédique, urologique et viscérale, où la réalité virtuelle a fait son apparition dans les blocs opératoires.
1 Godart F & al. 2007 - An experimental model of pulmonary valve implantation: a percutaneous and transventricular approach without cardiopulmonary bypass - Archives des maladies du cœur et des vaisseaux
Cette étude est soutenue par la Direction Recherche et Enseignement de Ramsay Générale de Santé.