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Des vaisseaux de l'œil pour prédire les maladies cardiovasculaires chez les insuffisants rénaux ?

26 avril 2024 / Temps de lecture

Grand public : Une étude menée par le Dr Céline Faure et son équipe à la clinique Saint-Martin de Caen a exploré une nouvelle piste pour mieux évaluer le risque cardiovasculaire chez les patients souffrant d'insuffisance rénale chronique terminale : l'imagerie à haute résolution des vaisseaux de la rétine. Si les résultats n'ont pas confirmé l'hypothèse initiale, ils ouvrent néanmoins des perspectives intéressantes pour de futures recherches.

Des vaisseaux de l'œil pour prédire les maladies cardiovasculaires chez les insuffisants rénaux ?

Les patients atteints d'insuffisance rénale chronique terminale ont un risque élevé de développer des maladies cardiovasculaires, ce qui réduit considérablement leur espérance de vie. Trouver des indicateurs fiables pour prédire ce risque est donc un enjeu majeur. C'est dans ce contexte que le Dr Céline Faure, ophtalmologue, et son équipe ont mené une étude à la clinique Saint-Martin de Caen.

"Nous voulions vérifier si le WLR («wall to lumen ratio » ou rapport paroi sur lumière), un marqueur déjà utilisé dans l'hypertension artérielle, pouvait également servir chez les insuffisants rénaux pour prédire le risque d'événements cardiovasculaires et de décès", explique le Dr Faure.

L'étude a inclus 83 patients, dont une grande majorité était dialysée. L'imagerie des vaisseaux de la rétine a été réalisée grâce à une caméra d'optique adaptative, une technologie de pointe permettant d'obtenir des images très détaillées. "C'est comme si on avait un microscope très puissant pour observer l'intérieur de l'œil de façon extrêmement précise", image le Dr Faure.

Le WLR a été mesuré au début de l'étude puis tous les 3 mois pendant un an. Les patients ont ensuite été suivis pendant 3 ans pour collecter les événements cardiovasculaires et les décès. "Malheureusement, nous n'avons pas pu confirmer notre hypothèse de départ. Nous n'avons pas trouvé de lien direct entre le WLR et le risque cardiovasculaire", déclare le Dr Faure. "De façon surprenante, un WLR bas était même plutôt associé à une augmentation des problèmes."

Cependant, l'étude a montré que l'ensemble des patients avait un WLR élevé, témoignant d'une forte hypertension. "C'est une observation intéressante, même si ce n'était pas notre objectif principal", souligne le Dr Faure.

Un point important à noter est la proportion élevée (48%) de patients diabétiques dans l'étude, chez lesquels les WLR les plus élevés ont été retrouvés. Le diabète est en effet une cause majeure d'insuffisance rénale et un facteur de risque cardiovasculaire bien connu.

"Même si nous n'avons pas pu valider notre hypothèse initiale, ces résultats soulèvent des questions intéressantes et ouvrent la voie à de futures recherches", affirme le Dr Faure. Elle souligne que les insuffisants rénaux, souvent atteints de multiples maladies et peu mobiles, sont une population peu étudiée mais à très haut risque cardiovasculaire.

Cette étude, bien que n'ayant pas atteint son objectif principal, apporte un éclairage nouveau sur l'utilisation de l'imagerie à haute résolution de la rétine dans l'évaluation du risque cardiovasculaire chez l'insuffisant rénal. Elle montre l'intérêt de poursuivre les recherches dans ce domaine, en affinant les critères de sélection des patients et en prenant en compte des facteurs comme le diabète. L'imagerie rétinienne à haute résolution reste un outil prometteur pour mieux évaluer le risque et personnaliser la prise en charge de ces patients fragiles.