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La radiofréquence, nouvelle arme contre certaines tumeurs du pancréas ? Une vaste étude clinique lancée dans les hôpitaux Ramsay Santé

12 juin 2024 / Temps de lecture 8 minutes

Une technique innovante guidée par échographie pourrait révolutionner la prise en charge de certaines tumeurs pancréatiques jusque-là essentiellement traitées par chirurgie. La radiofréquence, déjà utilisée pour détruire des tumeurs d'autres organes comme le foie, fait l'objet d'une étude clinique d'envergure baptisée RAFPAN 2 réalisée dans une vingtaine de centres hospitaliers avec la promotion du groupe Ramsay Santé. Objectif : confirmer les résultats prometteurs des premiers essais et évaluer l'efficacité à long terme de cette intervention mini-invasive. Explications.

La radiofréquence, nouvelle arme contre certaines tumeurs du pancréas ? Une vaste étude clinique lancée dans les hôpitaux Ramsay Santé
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La résection chirurgicale des tumeurs du pancréas n’est pas sans risque. Selon les derniers chiffres, les taux de mortalité varient de 3 à 14% et les taux de morbidité de 15 à 30% (1 et 2), par ailleurs les patients qui subissent des résection pancréatique étendue sont sujets à des complications métaboliques importantes et peuvent développer un diabète pancréatoprive particulièrement difficile à équilibrer en raison de l’absence de mécanisme de contre régulation. 


Pourtant, de nouvelles techniques se développent pour guérir le patient tout en préservant le pancréas sain. 

La radiofréquence fait partie de ces approches innovantes. Son principe : détruire les cellules tumorales en les "brûlant" de l'intérieur grâce à un courant électrique à haute fréquence. Une fine aiguille est insérée dans la tumeur sous contrôle échographique pour y délivrer la dose nécessaire d'énergie. Cette technique est déjà couramment employée pour traiter certains cancers comme ceux du foie. Depuis quelques années, des médecins tentent de l'appliquer au pancréas.

"Les premiers essais de radiofréquence pancréatique ont montré des résultats encourageants chez des patients atteints de petites tumeurs bénignes ou de métastases, avec une bonne tolérance. L'intérêt est de pouvoir proposer un traitement peu invasif quand la chirurgie est contre-indiquée ou trop risquée", explique le Dr Bertrand Napoléon, hépato-gastro-entérologue à l'hôpital privé Jean Mermoz de Lyon, et investigateur principal de l'étude RAFPAN 2.

Cette vaste étude clinique, qui vient d'être lancée, vise à confirmer ces résultats préliminaires. 200 patients seront recrutés dans une vingtaine de CHU ou de centres privés de Ramsay Santé partout en France. Ils souffrent de tumeurs pancréatiques de différents types, localisées et de petites tailles : tumeurs neuro-endocrines (bénignes mais parfois très invalidantes en raison d'une sécrétion d'hormones en excès), polypes intrakystiques, ou encore métastases d'autres cancers. 

Sous anesthésie générale, ils bénéficieront d'une à deux séances de radiofréquence, guidées par une échographie endoscopique (ou échoendoscopie). Cette technique permet de visualiser précisément la tumeur depuis l'intérieur de l'estomac ou du duodénum et d'y amener l'aiguille pour délivrer le courant. Après chaque intervention, un suivi étroit sera assuré avec des examens cliniques et d'imagerie tous les 6 mois pendant 5 ans.

"Notre critère principal est le taux de réponse tumorale à 5 ans, c'est-à-dire le pourcentage de patients dont la tumeur aura complètement ou partiellement disparu. On s'attend à un taux de l'ordre de 75% d'après les données préliminaires", précise le Dr Napoléon. Les critères secondaires incluent la survie des patients, la qualité de vie, la tolérance et les éventuelles complications. 

Si les résultats sont concluants, la radiofréquence pourrait devenir un standard pour le traitement de certaines tumeurs pancréatiques. Elle permettrait d'éviter ou de retarder la chirurgie chez de nombreux patients, avec des bénéfices importants en termes de morbi-mortalité. Elle apporterait aussi une option thérapeutique pour des malades qui n'en ont aujourd'hui aucune en raison de leur état de santé.

Au-delà de ses objectifs scientifiques, l'étude RAFPAN 2 illustre l'engagement du groupe Ramsay Santé dans la recherche clinique au service des patients. Avec plus de 350 études en cours, dont une cinquantaine sur le cancer, le groupe se positionne comme un acteur majeur de l'oncologie. Il met à disposition de ses médecins chercheurs des moyens humains et matériels pour mener à bien des projets ambitieux visant à faire progresser les connaissances et les pratiques.

"Nous sommes fiers de lancer cette étude d'envergure qui fait intervenir de nombreux hôpitaux de notre groupe. Elle témoigne du dynamisme de nos équipes et de leur capacité à se fédérer pour innover dans la prise en charge du cancer, qui constitue l'une de nos priorités stratégiques", commente le Dr Stéphane Locret, directeur de la recherche clinique du groupe. 

Les premiers patients ont été inclus ces derniers mois. Les résultats finaux sont attendus pour 2030 et seront largement diffusés auprès de la communauté médicale et du grand public. Toute avancée pour le traitement des tumeurs du pancréas sera porteuse de nouveaux espoirs pour les patients et leurs proches.

 

Sources 

  1. Jilesen APJ, Van Eijck CHJ, in’t Hof KH et al. Postoperative complications, In-Hospital mortality and 5-year survival after surgical resection for patients with a pancreatic neuroendocrine tumor: a systematic review. World J Surg 2016; 40: 729–748
  2. Feng Q, Li C, Zhang S et al. Recurrence and survival after surgery for pancreatic cancer with or without pancreatitis. World J Gastroenterol 2019; 25: 6006–6015