« Aujourd’hui, on vérifie essentiellement les greffons au microscope, ce qui ne permet pas de détecter les micro-cicatrices s’il y a eu une chirurgie au laser, par exemple. Résultat ? Des patients sont greffés avec des cornées qui ne sont pas totalement saines », déplore le Pr Louis Hoffart en racontant la genèse du projet Cifre. Ce projet, il y travaille depuis plusieurs années maintenant. Ce qui lui a permis de rencontrer progressivement l’ensemble des acteurs qui y prennent part aujourd’hui : l’Institut Fresnel, l’Université Aix-Marseille, la clinique Monticelli-Velodrome et par conséquent, la Direction Recherche et Enseignement Ramsay Santé, co-financeur de ce projet qui consiste d’abord en une expérimentation industrielle avant d’être une recherche clinique.
Au cœur de ces travaux justement, il y a le premier prototype de diffusomètre rapide et compact de nouvelle génération. Cet appareil qui existe déjà, doit être capable de qualifier un greffon cornéen dès son arrivée à la Banque de conservation des tissus, avant qu’il ne rentre dans le processus de conservation habituel avant une greffe. Pour ce faire, le diffusomètre utilise un montage optique hautement sensible et une architecture goniométrique pour résoudre angulairement le signal optique rétrodiffusé par le greffon.
Prochaines étapes de ce projet : la validation du Cifre, bien sûr. Ce qui permettra d’améliorer le prototype existant de manière à l’adapter à une utilisation quotidienne, dans le respect des contraintes sanitaires propres à son environnement. Mais aussi pour la clinique Monticelli-Velodrome, de recruter officiellement l’étudiant en thèse de doctorat : étape incontournable du dispositif. Une perle rare d’ores et déjà trouvée : issu d’une école d’ingénieurs renommée, l’étudiant venait de terminer son master d’optique au Japon lorsqu’il a répondu à l’appel d’offres de l’Institut Fresnel. Il n’y a plus qu’à !
D’autant plus que les enjeux de ce projet vont au-delà de la Banque de conservation des tissus : « Le chirurgien pourrait utiliser ce diffusomètre avant de greffer ses patients », imagine Loïc Bancilhon, très impliqué dans la mise en œuvre opérationnelle du projet et qui a déjà expérimenté le Cifre par le passé. « Un second prototype pourrait être utilisé directement par l’ophtalmologue sur ses patients », ajoute le Pr Louis Hoffart. « Ce qui permettrait de dépister précocement et de manière non invasive une anomalie de la cornée. »
Des résultats réalistes à envisager, grâce au co-financement à hauteur de 300 000 € par le Cifre et la Direction Recherche et Enseignement Ramsay Santé de ce travail permettant à des acteurs publics et privés de collaborer.