« Notre objectif est de développer la recherche dans le groupe », explique d'emblée le Dr Locret. Médecin de formation, il a rejoint Ramsay il y a 31 ans, d'abord pour diriger des établissements, avant de prendre la tête de la DRE en 2016. Cette direction, créée quelques années plus tôt, apporte un soutien multiforme aux investigateurs sur le plan « méthodologique, technico-réglementaire et pour le suivi de projets et leur finalisation ».
La DRE anime les équipes d'attachés de recherche clinique (ARC) embauchés dans chaque établissement pour dynamiser la recherche. « Ce sont des travaux lourds qui demandent du temps, surtout que chez nous les praticiens sont à 95% libéraux. Ils font donc ça en plus de leur activité professionnelle », souligne le Dr Locret. D'où l'importance d'un accompagnement de qualité pour les « soulager ».
700 à 750 études actives chaque année
Un soutien manifestement apprécié des médecins-chercheurs puisqu'en 2024, ce sont « 700 à 750 études » qui sont actives dans le groupe, contre 520 en 2019. Pour 250 d'entre elles, Ramsay est promoteur, « c'est-à-dire qu'on les finance et les accompagne de A à Z ». Sur les autres, « Notre action consiste surtout à une aide au démarrage et à la validation des éléments réglementaires et contractuels ».
Comment les projets sont-ils sélectionnés ? « Pour les études de promotion interne, on a deux appels à projets par an » dont la publicité est faite auprès des 7 500 médecins du groupe, détaille Dr Stéphane Locret. Les projets soumis sont ensuite sélectionnés par un comité d'orientation scientifique.
« Le principal critère, c'est l'intérêt scientifique du projet, sa capacité à être publié dans une revue et à intéresser la communauté scientifique. » La faisabilité et le coût entrent aussi en ligne de compte, le budget de la DRE n'étant « pas extensible à l'infini ». Cette enveloppe est d'ailleurs intégralement « ministérielle », Ramsay ne finançant pas directement la recherche.
Pas de limite d'âge ou d'expérience
Mais alors, faut-il être un ponte de la recherche pour soumettre un projet ? « Pas du tout, tout le monde peut postuler, même les juniors », assure le directeur. L'idée est d'aider ceux qui publient déjà beaucoup », mais aussi de « redonner goût à la recherche » à des praticiens qui avaient un peu abandonné, faute de temps et de soutien. « Et pour les jeunes qui sortent de l'hôpital, ça leur permet de continuer à faire de la recherche. »
Un accompagnement visiblement gagnant quand on regarde le classement des meilleurs médecins-chercheurs publié en 2023 par Le Point, où plusieurs praticiens RAMSAY trustaient les premières places. De quoi rendre fiers les intéressés, reconnait le Dr Locret, même s'il se montre modeste : « Ceux qui sont en tête, ce n'est pas, à la base, grâce à nous, c'est parce qu'ils sont chercheurs depuis des années. Mais c'est vrai qu'on leur a facilité le travail et donné la possibilité de pouvoir développer plus de projets. »
Publications en hausse
Un coup de pouce apparemment efficace puisque le nombre de publications scientifiques signées Ramsay « commence à monter doucement », de même que le nombre « d'inclusions dans les projets de recherche où on est promoteur ». « On a un rôle de facilitateur », résume le médecin, qui voit aussi émerger « de nouveaux médecins investigateurs ».
Une fois bouclés, les projets soutenus par la DRE ont en effet pour vocation première d'être publiés « dans une revue scientifique au meilleur impact factor possible ». Une valorisation qui rejaillit positivement sur leurs auteurs, mais aussi sur Ramsay Santé. « Dans l'esprit du public, la recherche est associée à une excellence de la pratique médicale », note Stéphane Locret.
Une recherche « parlante » pour le grand public
Pour renforcer cette image, depuis 2018 la DRE met en avant « sur le site internet du groupe » ses investigateurs et leurs projets, via des articles, vidéos, podcasts, infographies... « L'idée est de montrer que nous avons une activité de recherche non négligeable sur des sujets qui parlent à la population générale », décrypte le directeur. Un pari réussi avec « plus de 150 contenus » fin 2023.
Si le Dr Locret ne souhaite pas mettre en avant un projet plutôt qu'un autre, il insiste en revanche sur « le mode de collaboration » mis en place. « Aujourd'hui, on travaille sur des projets avec toutes les institutions en France : avec l'INSERM, avec des CHU, avec des centres investigateurs à l'étranger, avec différents laboratoires... »
Des partenariats public/privé
Autant de partenariats noués grâce à « nos investigateurs et à la qualité de notre accompagnement » qui manifestent une « reconnaissance par les professionnels de la recherche et les institutions publiques ». Un rapprochement d'autant plus notable que l’hospitalisation
Outre ces collaborations, Ramsay surfe aussi sur la vague de l'intelligence artificielle (IA), très en vogue dans la recherche médicale. « Depuis des années, les algorithmes et l'IA font partie intégrante de nombreux projets qui nous sont proposés, notamment en radiologie avec des outils de deuxième lecture des examens », développe le Dr Locret. La DRE accompagne ainsi de plus en plus de travaux sur le machine learning, « on ne peut pas passer à côté ».
Une dynamique positive
Si l'IA ne bouleverse pas (encore ?) le travail quotidien de la DRE, la dynamique positive enclenchée se ressent de plus en plus, à l'intérieur du groupe mais aussi à l'extérieur. « Je sais que dans certaines structures, les praticiens se comparent à ce qu'on fait et ne comprennent pas de ne pas avoir la même chose chez eux », sourit Stéphane Locret. Une reconnaissance bienvenue pour cette direction centrale d'un groupe très éclaté géographiquement.
« C'est la première fois dans ce type de groupe, où nos médecins sont libéraux, qu'on leur apporte ce type de service », souligne-t-il. Avant, Ramsay Santé leur fournissait surtout un plateau technique, les services et la logistique d’un établissement. Désormais, la DRE leur permet en plus de développer l'aspect scientifique et d'enseignement, ô combien important pour beaucoup.
La recherche clinique attire les jeunes médecins
Autre effet positif : l'arrivée d'internes dans les établissements Ramsay. Un vivier de futurs praticiens qui semble apprécier cette dynamique de recherche. « Ça leur plaît beaucoup. Il découvre la possibilité de faire de la recherche en secteur libéral, quand on en parle », confirme le Dr Locret. Un bon point pour le recrutement et « un sentiment d'appartenance » accru, essentiel quand on manage majoritairement des libéraux. Les praticiens séniors apprécient pouvoir transmettre aux étudiants leurs connaissances et expériences fortes. Les internes aident aussi leurs encadrants à reprendre une activité de recherche.
Fort de ce bilan encourageant, Ramsay entend bien continuer à faire progresser la recherche dans ses murs... et en dehors. Avec un atout de taille : l'implication de médecins-chercheurs aussi brillants que motivés. « S'ils ont envie de poursuivre la recherche en quittant l'hôpital, ils savent qu'ils peuvent continuer avec nous », conclut Stéphane Locret. Une promesse d'avenir pour ce groupe qui conjugue soins et science avec un dynamisme communicatif.