Etudier le stress chez les jeunes (18-25 ans) face à la crise du Covid représente un enjeu de taille. En effet, on sait que cette population a été particulièrement exposée au stress, mais aussi à l’anxiété et à la dépression, lors de la pandémie.
Les limites de la PSS
Toutefois, pour mesurer ce stress, les échelles actuelles semblent montrer leurs limites. Le gold standard est la PSS (Echelle de Stress Perçu) qui date des années 1980. Elle est conçue sous forme d’autoquestionnaire, avec des items inversés (sorte de questions « piège », à la tournure grammaticale inversée), pour que la personne réponde de manière la plus honnête possible. « Mais à cause de cette cotation tantôt directe, tantôt inversée, l’auto-correction est compliquée. Par ailleurs, aujourd’hui, les jeunes disposent d’outils (appli…) qui font qu’ils aperçoivent tout de suite les pièges. Cette structuration n’a donc plus beaucoup de sens », explique le psychiatre Jean-Luc Ducher, à l’origine de ces travaux lancés par la Direction Recherche et Enseignement de Ramsay Santé.
Autre limite de cette échelle : elle évalue la perception liée à une situation stressante et la capacité à y faire face. « Mais pour faire face à un stress, on va déployer des stratégies qui elles-mêmes peuvent être génératrices de stress, d’épuisement… Et la PSS n’évalue pas cela ».
Auto-surveillance
La nouvelle échelle, D-stress, est fondée sur un autoquestionnaire sans item inversé, que la personne peut remplir et corriger elle-même, permettant ainsi une auto-surveillance. L’échelle D-stress mesure également l’impact des stratégies déployées par les individus pour faire face au stress. Elle a fait l’objet d’une étude comparative.
Deux questionnaires (D-stress et PSS) ont été remplis par 1099 jeunes adultes pour évaluer le stress des jeunes face à la crise du Covid. L’analyse est en cours mais les résultats semblent indiquer une bonne corrélation.
L’étude menée par le Dr Ducher, le Pr Lucia Romo et le Pr Damien Fouques, de l’Université Paris Nanterre et Paris 8 Saint-Denis respectivement, servira également à évaluer le rôle joué par le stress dans des pathologies comme l’anxiété et la dépression et également dans la compréhension de processus psychopathologiques comme les ruminations ou la régulation émotionnelle.
La gestion non médicamenteuse du stress, une priorité de la Fondation Ramsay Santé
En 2017, la Fondation Ramsay Santé a lancé un programme ciblé sur la prévention, dont l’un des thèmes majeurs est à la gestion du stress. « Nous avons d’abord cartographié les maladies générées par le stress en regroupant les preuves scientifiques sur la question », explique Stéphane Locret, Directeur Recherche et Enseignement du Groupe.
L’idée est de fournir des outils aux professionnels de santé pour que le stress soit mieux évalué et pris en compte. « Tout le monde est plus ou moins stressé… ce qui ne facilite pas la tâche aux généralistes quand leurs patients évoquent cette problématique. Le recours aux médicaments est fréquent, mais pas forcément adapté. D’où l’idée d’avoir des outils simples pour mesurer le stress avec précision, et ainsi mieux prévenir les maladies qui lui sont associées. Si les résultats valident cette nouvelle échelle, alors elle fera l’objet d’une diffusion auprès des médecins et des autres professionnels de santé ». |
Un projet est soutenu par la Direction Recherche et Enseignement Ramsay Santé.